20

… Karen Pilson fut convoquée devant le juge Wilkinson lorsqu’il fut de passage à Little Rock au début de l’été. Elle demanda à son professeur de philosophie de l’accompagner lors de cette importante comparution, malgré les réticences de son père qui ne voulait pas qu’un étranger se mêle de leurs affaires. Terra rejoignit donc la famille Pilson à l’hôtel de ville, où se tenaient les audiences. Karen marchait à l’aide de béquilles ajustées à ses poignets.

Le juge Wilkinson prit place derrière la tribune qui surplombait toute la pièce. C’était un petit homme dans la soixantaine, aux cheveux blancs très courts. Il avait la réputation d’être juste mais sévère. Tremblant de peur, Karen s’assit dans la première rangée de la salle, qui servait habituellement aux assemblées municipales. Après les avoir observés un à un, le juge leur demanda de s’identifier. Karen le fit en balbutiant, puis ses parents se nommèrent en se levant à tour de rôle.

— Et vous ? s’enquit le juge en regardant le Hollandais.

— Je m’appelle Terra Wilder. Je suis un des professeurs de Karen.

— Celui qui a guéri Janet Wilton ?

— Oui, votre honneur, soupira Terra, qui aurait préféré que cette histoire ne s’ébruite pas.

— Êtes-vous un guérisseur, monsieur Wilder ?

— Je crois que oui, mais c’est un don récent.

Le juge ne s’attarda pas sur le sujet et s’adressa plutôt à l’adolescente.

— Ce que tu as fait était irresponsable, Karen Pilson, et il va falloir que tu paies pour ton geste. Un juge de la grande ville t’enfermerait sans hésitation dans une institution correctionnelle, mais il n’y en a pas dans la région et j’hésite à t’envoyer aussi loin de chez toi. Alors, je vais te placer sous la supervision des services sociaux jusqu’à l’âge de vingt-et-un ans. Tu devras aussi effectuer mille heures de services communautaires pour acquitter ta dette envers la société. Mais si tu commets une autre infraction criminelle, je serai forcé de te remettre entre les mains de la justice à Vancouver, et je doute qu’un autre juge soit aussi clément que moi. Est-ce que je me fais bien comprendre, jeune fille ?

— Oui, monsieur, murmura Karen, soulagée de ne pas se retrouver en prison.

— Et avant de partir, je veux vous voir faire un miracle, monsieur Wilder.

L’homme de loi contourna la tribune et s’approcha du Hollandais.

— Êtes-vous capable de la débarrasser de ces appareils gênants ?

— Je n’en sais rien, murmura Terra, pris de court.

— Essayez donc pour moi.

Les Pilson furent surpris par la requête du juge. Pour sa part, Terra prit une profonde inspiration et se tourna vers Karen. Il fit ce que le juge demandait, puis posa doucement ses mains sur les jambes de son élève. Une lumière éblouissante s’en échappa pendant quelques secondes. Le Hollandais ressentit une grande fatigue. Curieuse, Karen se leva et fit quelques pas sans ses appareils.

— Vous avez réussi ! s’exclama-t-elle.

— Janet a donc raison de dire que vous êtes un ange, nota le juge plutôt satisfait. Je suis bien heureux d’en avoir connu un de mon vivant, monsieur Wilder, si c’est votre véritable nom, bien sûr. Si vous avez besoin de quoi que ce soit ici ou à Vancouver, n’hésitez surtout pas à faire appel à moi.

Il serra la main de Terra, mais ce dernier n’eut aucune vision : le juge n’avait donc pas fait partie de sa vie à Jérusalem.

Terra avait utilisé une grande quantité d’énergie pour guérir Karen. Il avait besoin de la remplacer. Il se tourna vers ses parents, dans l’espoir qu’ils auraient la gentillesse de le reconduire chez lui. Dan Pilson était encore plus pâle que lui.

— C’est l’Antéchrist dont nous a parlé le curé…, s’étrangla-t-il.

— Il est trop bon pour être du côté du mal, s’interposa madame Pilson.

Terra comprit que cet homme ne l’aiderait pas. Il se dirigea vers la sortie en s’appuyant sur sa canne, pendant que Karen et sa mère restaient avec Dan Pilson pour tenter de lui faire entendre raison. Avec le peu de force qui lui restait, Terra sortit de l’immeuble. Une fois dehors, il s’appuya contre un lampadaire pour conserver son équilibre. Karen arriva en courant.

— Si j’avais votre pouvoir de guérison, je pourrais faire du super bon travail communautaire, déclara-t-elle en lui prenant le bras.

— Et tu te ferais coller une bonne centaine d’étiquettes par les gens que tu aiderais.

— Pas si je leur enseignais la philosophie du non-étiquetage en même temps.

— Même à ton père ?

— Ne vous en faites pas pour lui. Nous en viendrons à bout.

Karen appela un taxi et aida son professeur à y monter. En arrivant chez lui, Terra se laissa bercer par les arbres devant la propriété. Lorsqu’il rentra, finalement, son air coupable avertit aussitôt Amy que quelque chose avait dû se produire à la cour.

— Le juge a insisté pour que je guérisse les jambes de Karen sous ses yeux, avoua-t-il.

— Terra, tu es une véritable catastrophe ambulante…

— Je n’ai pas eu le choix.

— Tu aurais pu lui dire que tu ne t’en sentais pas capable ou que c’était au-dessus de tes forces.

— Je n’aime pas mentir.

Il se traîna vers la salle de bain. Amy serra les poings, compta jusqu’à dix et l’y rejoignit. Elle le trouva devant le lavabo, où il venait d’avaler un comprimé.

— Donald t’a demandé de ne pas en prendre, lui rappela-t-elle. Ce n’est pas bon pour ton cœur.

Sans répondre, il passa à côté d’elle et entra dans la chambre à coucher. Amy le suivit.

— Terra, ne fais pas la mauvaise tête.

— Je voudrais me reposer, maugréa-t-il en enlevant ses souliers et en s’allongeant sur le lit.

On sonna à la porte. Amy s’empressa d’aller répondre. Elle écarquilla les yeux en apercevant son père, sa mère et sa sœur sur le porche.

— Mais que faites-vous ici ? balbutia-t-elle, éberluée.

— Ta sœur nous a parlé de ton fiancé, annonça joyeusement sa mère, alors nous avons décidé de venir faire sa connaissance.

— Mais vous auriez dû me prévenir ! J’aurais eu au moins le temps de mettre la maison en ordre.

Diane Dickinson entra sans attendre la permission de sa fille. Jay, son mari, embrassa Amy sur la joue en lui soufflant qu’il était bien content de la voir. Cassandra, sa petite sœur, la serra dans ses bras en s’excusant de n’avoir pas pu les empêcher de lui rendre cette visite inattendue. Amy la fit passer devant elle et toutes deux rejoignirent leurs parents au salon.

— Si tu donnais un coup de fil à Terrance pour l’inviter à se joindre à nous pour un petit souper familial au restaurant ? suggéra Diane en regardant partout autour d’elle.

— Il s’appelle Terra et je n’ai pas besoin de l’appeler parce qu’il vit ici, répondit Amy, certaine de s’attirer des reproches.

— Ah bon ?

— Restez ici, je vais le chercher.

Amy les abandonna au salon et se rendit à la chambre à coucher : Terra n’y était plus. Elle aperçut les chiffres lumineux sur le cadran de la table de chevet : six heures du soir. Elle l’entendit gémir dans la salle de bain et s’y précipita. Le pauvre homme était recroquevillé sur le plancher de la douche et mordait dans une serviette de ratine pour ne pas hurler de douleur. Amy se pencha immédiatement sur lui.

— Tiens bon, mon chéri.

Elle entendit des pas et se retourna : Diane Dickinson se tenait sur le seuil de la pièce, surprise de les trouver tous les deux par terre. Amy bondit sur ses pieds, la poussa dans la chambre, puis dans le couloir.

— Je t’ai demandé de rester dans le salon ! s’irrita Amy.

— Est-ce que c’est Terrance ?

— Il s’appelle Terra !

— Mais il semble souffrant…

Amy la fit reculer jusqu’au salon et tomber en position assise sur le sofa à côté de son père.

— Il a perdu ses jambes dans un accident d’automobile il y a quelques années, les informa leur fille. Les médecins les ont remplacées par des jambes artificielles, qui le font parfois souffrir à la fin de la journée.

— Il est invalide ? s’alarma la mère.

— Non. Il est capable de marcher, mais pas en ce moment.

— Nous devrions partir, Diane, conseilla son mari, mal à l’aise.

— Non, riposta Amy. Je veux que vous rencontriez Terra. Donnez-moi quelques minutes pour le remettre en forme. Vous ne le regretterez pas.

Son père hocha la tête. Amy retourna dans la salle de bain. La crise était passée et Terra respirait avec plus de facilité. Elle l’aida à marcher jusqu’au lit.

— Qui était cette femme ?

— Ma mère. Mon père et ma sœur sont ici avec elle.

— Elle va avoir une belle opinion de moi, déplora-t-il.

— Ils savent que tes jambes te font souffrir. Je vais t’aider à te changer et nous irons souper avec ma famille dès que tu te sentiras bien.

Elle lui enleva sa chemise trempée de sueur et le rafraîchit avec une éponge humide. Elle sortit ensuite un chandail vert forêt d’un tiroir de sa commode. Elle voulut le lui passer, mais il résista.

— Je veux porter un complet.

— C’est seulement un souper en famille, Terra, et le vert fait ressortir tes yeux. Je t’en prie, fais-moi plaisir.

Il céda avec un sourire. Elle l’embrassa, lui remit ses souliers puis, sans plus de préparatifs, elle l’emmena au salon. Ce n’était certes pas la première fois que Terra affrontait une belle-famille, mais il ne s’y habituait tout simplement pas. Il serra les mains de Jay, Diane et Cassandra Dickinson avec timidité et les suivit docilement jusqu’au restaurant italien qu’Amy aimait tant. Elle le fit asseoir entre sa sœur et elle, alors que les parents Dickinson prenaient place de l’autre côté de la table.

— Quel âge avez-vous, Terrance ? s’enquit Diane en l’examinant avec des yeux de biologiste.

— Maman, donne-lui au moins le temps de respirer, s’éleva Amy.

— Je m’appelle Terra et j’ai quarante-huit ans, répondit-il poliment.

— Êtes-vous veuf ?

— Oui, madame.

— Avez-vous fréquenté beaucoup de femmes depuis la mort de votre épouse ?

— Maman ! s’indigna Cassandra.

— J’ai passé tout ce temps à l’hôpital, madame Dickinson, l’informa Terra. Je n’ai pas vraiment eu le temps de fréquenter qui que ce soit.

— Est-ce que vous aimiez votre femme ?

Amy se cacha le visage dans les mains tellement elle était mal à l’aise. Terra, lui, conservait ce calme imperturbable qu’il avait appris à adopter dans ce genre de situation.

— Oui, je l’ai beaucoup aimée.

— Pensez-vous pouvoir aimer ma fille de la même façon ?

— Je ne crois pas qu’on puisse aimer deux personnes de la même façon, affirma Terra, mais j’aime beaucoup votre fille.

— Pouvez-vous la rendre heureuse ?

— Je n’en sais rien.

— Avez-vous l’intention d’avoir des enfants ?

— Nous n’en avons jamais discuté.

— Combien de temps pensez-vous pouvoir encore marcher sur vos jambes artificielles ?

— Personne ne le sait.

— Ce serait inacceptable que vous épousiez ma fille uniquement pour qu’elle prenne soin de vous lorsque vous ne pourrez plus vous déplacer.

— Maman ! protesta Amy en la regardant bien en face.

— Vous avez presque le double de son âge, vous savez, poursuivit Diane, sans se préoccuper du teint écarlate d’Amy. Il serait également injuste qu’elle élève seule vos enfants parce que vous n’êtes plus capable de marcher.

— Maman, c’est assez !

— Je lui pose ces questions pour ton bien, Amy.

— Tu me fais honte !

— Ma chérie, tu viens à peine de rencontrer cet homme et il vit déjà chez toi. Est-ce que tu trouves ça normal ?

— Papa, je t’en prie, fais-la taire, le supplia Amy, au bord des larmes.

L’air d’impuissance de Jay Dickinson fit comprendre à Terra qu’il n’avait aucun pouvoir sur son épouse. « Je n’ai pas le droit de gâcher cette réunion familiale » se dit-il. « Amy voit si peu souvent sa famille. » Il se leva, s’excusa poliment auprès de tout le monde et quitta la table. Amy fusilla sa mère du regard.

— Mais qu’est-ce que tu essaies de faire ? explosa-t-elle.

— Je veux m’assurer qu’il est bien pour toi, ma chérie.

— Ce n’est pas à toi de prendre cette décision, mais à moi, et j’ai déjà décidé qu’il est l’homme que je vais épouser ! Tu n’avais pas le droit de le bombarder de cette façon !

— Elle a raison, intervint finalement le père. Tu n’aurais pas dû lui parler de son infirmité.

— Tu aurais pu t’en mêler avant, non ? se fâcha Amy. Écoutez-moi bien, tous les deux. J’aime Terra Wilder et il m’aime. Je me moque qu’il ait le double de mon âge ou des jambes en acier. Je vais passer le reste de ma vie avec lui, quitte à lui servir d’infirmière dans quelques années. Et je vais lui donner des enfants, même si je dois les élever toute seule !

Amy s’enfuit du restaurant. Jay se lança aussitôt à sa poursuite et la rattrapa avant qu’elle atteigne sa voiture. Il lui demanda d’excuser le comportement de sa mère et réussit à la calmer. Elle accepta finalement de revenir à table, mais elle n’adressa plus la parole à sa mère de tout le repas.

Elle retourna seule à la maison et fouilla toutes les pièces à la recherche de Terra. Où pouvait-il être allé ? Quelque part où il se sentirait en sécurité… L’auberge du couple Hollandais où ils avaient soupé le jour de son anniversaire ! Elle s’y rendit sans perdre de temps. Madame Kindt lui donna une seconde clé de la chambre qu’elle avait louée à Terra. Amy entra dans la pièce sombre. La lumière du couloir l’éclaira suffisamment pour apercevoir Terra couché dans le petit lit. Elle referma la porte, laissa tomber son sac à main sur le plancher et se réfugia dans les bras de l’homme de ses rêves.

— Comment as-tu su que j’étais ici ? murmura-t-il.

— Je te connais. Terra, je suis tellement navrée. Dis-moi que tu m’aimes encore.

— Je ne cesserai jamais de t’aimer.

— Même après ce que ma mère t’a fait ce soir ?

— Elle a droit à son opinion.

— Mais elle t’a fait mal.

Il garda le silence. Amy alluma la lampe de chevet pour voir son visage. Ses yeux verts étaient remplis de larmes.

— C’était ma dernière chance d’avoir une véritable famille…, sanglota-t-il.

— Mon pauvre amour. Tu l’auras, ta véritable famille. Nous en serons les parents. Je te le promets.

Elle essuya ses yeux et le couvrit de baisers en lui disant qu’ils se marieraient sans les Dickinson.

Qui est Terra Wilder ?
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